Jamais le sujet pourtant posé dès juillet 2019 n’aura été autant d’actualité : Créativité, innovation, solutions anti-crises… Car il faudra bien ressortir grandis de cette crise et préparer nos clients à bien rebondir. En préambule du 10eme festival de l’innovation pédagogique dédié à ce thème, nous consacrons 7 sujets de fond en amont du FIP :

1. De la créativité à l’innovation : Une idée n’est rien tant qu’elle n’est pas mise en œuvre
2. Les créatifs sont-ils intelligents ?
3. Quel est votre profil créatif ?
4. Neurosciences et créativité : tous créatifs ?
5. Et si vous passiez à l’effectuation ?
6. De l’innovation à l’imovation
7. L’innovation est dans la nature
8. Devenir une entreprise innovante
9. Méthode et outils d’un collectif innovant

L’innovation moteur de performance durable

Le nouveau monde qui émergera de la crise que nous traversons sera métamorphosé. Il aura suffi d’un petit organisme de 32 kilobase, pour modifier nos comportements et lever les freins qui empêchaient d’agir ! En 48 heures chrono, les entreprises parfois réticentes au travail à domicile, lâchent prise, les formations se digitalisent à marche forcée, tandis que 900 000 enseignants se mettent à travailler à distance. L’étape 1 décrite par John Kotter, créer un sentiment d’urgence, est réussie…

Assurer la continuité, oui, mais en créant plus de valeur et de différentiation. Dans notre monde en changement accéléré et globalisé, il devient de plus en plus difficile pour les entreprises de se démarquer. Beaucoup, face à cette incertitude suivent les mêmes tendances rassurantes qui les amènent à construire des voitures, des ordinateurs ou offres qui se confondent. L’économiste Joseph Schumpeter, a décrit ces cercles vicieux et ces mécanismes de la guerre économique qui se jouent lorsque les produits ne se distinguent plus. Sur un marché concurrentiel, lorsque les offres se clonent, il ne reste que le prix pour les différencier, à l’instar des transports aériens, de la téléphonie mobile, etc. L’érosion de leurs marges entraine à son tour l’effondrement des investissements, l’incapacité à attirer ou garder de nouveaux talents et, au final, la dégradation des conditions de travail qui permettraient d’innover. D’autres entreprises réussissent pourtant à faire de l’innovation leur moteur de performance durable.

Créativité, innovation ? Quelle différence ?

On assimile trop souvent l’innovation à la créativité. Être créatif, c'est avoir des idées, tandis que l'innovation relève de la capacité à les activer…

Vous avez probablement dans vos équipes ces êtres créatifs, maitres de la pensée divergente qui ont 1000 idées à l’heure et quelques éclairs de génie parfois. Mais une bonne idée n’est rien tant qu’elle n’est pas mise en œuvre. Une idée sans moteur c’est un pétard sans système d’allumage… Lewis Duncan évoqua même que « l’innovation consiste à transformer des idées en factures »[1].

C’est un peu l’histoire du Xerox Parc à Palo Alto qui représentait une concentration unique de chercheurs de premier plan,[2] fédérés par un grand défi mobilisateur (changer le monde), une grande liberté (loin de la maison mère) et des ressources abondantes. Ce laboratoire révolutionnaire pour les années 70, s’appuyait sur une organisation souple en mode projet, ou chaque homme doté de sa propre machine autonome (l’Alto) avait le pouvoir de créer. Avec l’éthernet, le protocole Homme-machine, le WYSIWYG, le multi fenêtrage, la souris, l’Intellect Augmenté etc, Xerox PARC était en avance sur le reste du monde … Mais bientôt les départs individuels allaient se multiplier[3]…

Ex Xerox, moi-même, je me souviens avoir croisé ces chercheurs, parfois amères qui avaient dans leurs poches des d’inventions inconnues ou inutilisées en interne. « They just had no idea what they had » évoqua Steve Jobs qui ne pouvait se résoudre à voir ces idées mourir[4]. Apple, entreprise peu créative et très innovante détenait une capacité hors norme à transformer les idées des autres…

En effet, si la créativité nait d’une réflexion libre à 360 degrés et de processus psychologiques favorisant la pensée divergente, l’innovation relève d’une vision stratégique, d’un focus vers l’action.

A l’instar de Xerox, beaucoup d’entreprises ne parviennent pas à surmonter les obstacles. Les inerties culturelles poussent à considérer qu’on a toujours plus à perdre qu’à gagner et que la nouveauté engendre le désordre. Ce fût aussi le cas de Kodak, qui laissa passer l’invention numérique créée au sein de ses propres laboratoires, ou de Nokia qui avait inventé un téléphone tactile avant Apple mais refusa de miser sur ces nouveaux développements pour ne pas tuer la poule aux d’or qui ramenait le cash. Ces expériences témoignent de choix d’investissements pour des projets les plus sûrs, plus en ligne avec leur cœur de métier traditionnel et rémunérateur et écartent ceux dont la rentabilité est incertaine. Mais pour gagner gros, (parfois ne pas perdre…), la prise de risque est nécessaire. Or les actionnaires privilégient souvent l’efficience immédiate…

L’innovation dérange…

Telle cette entreprise dans le secteur de l’équipement pour bébé qui, se sentant attaquée sur son marché par de jeunes outsiders, décida de convoquer ses 70 cadres européens sur le thème de l’innovation. Au cours d’un atelier que nous leur proposions[5], fondé sur la confiance, l’initiative, la collaboration et la capacité à penser différemment, le patron pris le micro pour imposer sa propre stratégie. Nous assistâmes à un surprenant spectacle : 70 cadres militairement alignés, obéissant aux ordres d’un seul… Comme nous l’aborderons dans notre 3 eme article sur la neurobiologie du cerveau créatif, les idées sont le fruit de cerveaux libres, d’interactions et de plaisir. Cette démarche avait instantanément désactivé 6 900 milliards de neurones !

Les cadres des entreprises sont souvent étouffés par le poids des règles, des procédures et de la conformité. Or, pour penser autrement, il faut souvent déconstruire ses propres schémas et parfois même plus… C’est le cas de General Electric qui a lancé un programme intitulé « Destroy your Business », qui vise à inciter les cadres à repenser de fond en comble leur métier.

Certaines entreprises face à leur propre inertie se tournent vers l’extérieur.

Le mécénat offre une occasion inédite d’hybrider leur modèle économique et d’aller là où on ne les attendait pas : l’innovation sociale qui concerne le vieillissement, la petite enfance, le logement, la santé, la lutte contre la pauvreté, l'exclusion, les discriminations... 

D’autres entreprises conscientes de leur propre incapacité à innover préfèrent copier ou s’acheter l’innovation par de la croissance externe et assurer ainsi leur régénération. Car le désordre de l’innovation chahute et dérange.

Les soft skills sont au cœur du changement et de l’innovation

L’innovation ne se décrète pas ! Elle nécessite de développer le terreau de la créativité et de l’innovation nécessite à minima de :

• Créer les bonnes conditions : confiance envers l’avenir, plaisir, partage, joie
• Éclater les rapports hiérarchiques : « seuls les patrons pensent » : redonner le pouvoir et l’initiative à chacun, quel que soit son poste
• Casser les silos et cultiver la diversité de pensée : brassage intergénérationnel, interculturel, homme/femme, hiérarchique
• Accepter l’erreur, l’accueillir et lui donner du sens
• Encourager la désobéissance
• Limiter les rivalités internes : favoriser la collaboration plus que la compétition

Créativité et innovation : l’une ne va pas sans l’autre.

Un individu peut-être à la fois créatif et innovant, mais le plus souvent ce duo de compétences repose sur un l’assemblage de compétences collectives. Ce sera le sujet de l’article suivant ;-)

Chaque année, depuis plus de 10 ans, le festival de l’innovation pédagogique propose aux consultants, coachs, formateurs, RH et managers, d’innover et d’oxygéner leurs pratiques sur des thèmes sensibles d’actualité. Cet événement est organisé par Brigitte Boussuat, conférencière, auteure du livre « Funny Learning, former avec les neurosciences » ainsi que les consultants experts du réseau à l’affût des signaux faibles qui seront les grandes tendances de demain.

• Objectifs pédagogiques du FIP 2020 : 

  1. Cultiver les conditions qui font émerger les pensées disruptives, comprendre les processus mentaux en jeu.

  2. Maîtriser les outils et techniques de facilitation pour accompagner les équipes à se réinventer et expérimenter 20 nouvelles capsules pédagogiques.

  3. Ajouter à son offre un nouveau module, de nouveaux outils (tests et jeux de cartes) et en faire un facteur de différentiation pour capter de nouveaux clients.

• ATELIERS

  8 intervenants qui vous plongeront dans leurs univers : sketch noting, sculpture, écriture collaborative, conférences en mouvement et bien d’autres surprises vous attendent.

  • A la fin de ce festival :

  Vous maîtriserez les fondamentaux et les grands courants de la créativité et de l’innovation
  Vous maitriserez 20 nouvelles capsules Funny Learning
  Vous aurez renforcé les liens avec vos pairs

[1] Une de définitions évoquées dans HBR : Harvard business review

[2] Trois d’entre eux ont obtenu le fameux prix Turing

[3] Robert Metcalfe crée 3COM (racheté par HP), Chuck Geschke et John Warnock créent Adobe, Charles Simonyi, vers Microsoft pour développer Word.

[4] En échange d’une prise de participation de 1 million de dollars dans Apple, Xerox lui accorda en 1979 le droit d’examiner en détail les développements réalisés au PARC. Peu de temps après, plusieurs chercheurs du PARC (dont Larry Tesler) rejoignirent Apple et contribuèrent à l’appropriation par Apple des nouveaux concepts.

[5] L’iceberg est un exercice qui consiste à proposer à une équipe de trouver des solutions pour rester sur un iceberg qui fond…